MORTEN NIELSEN
Guerriers sans armes / Krigere uden vaaben




Traduit du danois et présenté par Pierre Grouix.
Collection Du poème


Prix : 12 euros
Nombre de pages : 72
Format : 16 x 22 cm
Parution : 2013
ISBN 978-2-915684-35-3


Présentation :
Ce livre présente l’édition bilingue des poèmes de guerre de Morten Nielsen (1922-1944), poète engagé dans le mouvement de résistance à l’occupation nazie du Danemark qui organisa notamment la fuite de nombreux juifs allemands vers la Suède.
Poète de l’action et de la fraternité dans l’action, proche en cela du René Char des Feuillets d’Hypnos, dont stylistiquement pourtant, peu de choses le rapprochent, Nielsen est mort d’une balle perdue le 30 août 1944.

Extrait :
La peur

Allume ta pipe, relève ton col. Au long
des boutiques désertes, tu t'avanceras
dans la nuit d'un pas sûr et vide tandis que
la pluie lourde frappera ton chapeau.

Tu iras vers les nombreuses gouttes de pluie,
vers un calme imperceptiblement bâti tandis que
toutes elles se ferment, les lumières rouge vif
au-dessus de ce que tu perdis de toute éternité.

Rien à voir avec une grue, dont la silhouette
dure, bleue, peut s'apercevoir.
Le manque n'est relié à rien,
la pluie tombe muette, lourde, dense.

Allume ta pipe, relève ton col.
Enfonce-toi dans cette nuit où rien ne sera à l'affût.
Si, en chemin, sur ta route, tu croises d'autres
ombres muettes, écarte-toi.

***

Merci -

Merci - de n'avoir été
qu'un arbre, de l'herbe verte à son pied.
Qu'une essence vivante de chaleur
accompagnant la force de l'arbre, de l'herbe,
   de l'ombre dans ton sang d'homme.

Merci - de n'avoir rien dit. De n'avoir été
qu'une senteur, comme celle du jeune sang sain,
et qu'une épaule dans l'ombre.
Qu'un arbre, de l'herbe verte à son pied
pour y poser son front brûlant.

Tu as reçu mes pleurs cette nuit,
ne m'as trahi ni par des signes ni par des mots.
Tu les reçus cette nuit, en silence, invisible,
aussi simplement que s'ils étaient une source
   et toi la terre noire.