FANNY HOWE
O'clock




Traduit de l'anglais (Etats-Unis) et présenté par Vincent Dussol.
Collection Du poème


Prix : 18 euros
Nombre de pages : 200
Format : 16 x 22 cm
Parution : 2009
ISBN 978-2-915684-19-3


Présentation :
Ce livre rassemble deux recueils : O’CLOCK (1995) et THE LYRICS (2007). Ces deux titres ont en commun l’évocation de l’Irlande, le pays de sa mère, avec laquelle cette poète américaine née en 1940 a entretenu des liens étroits et fondamentaux.
Les poèmes d’O’Clock se présentent sous la forme de notations souvent brèves, faites au fil des jours et des heures – d’où le titre – mais, par la grâce de l’écriture, ces moments prélevés dans le flux du temps historique sont comme soustraits à son cours pour rejoindre d’autres temporalités.
La terre irlandaise est imprégnée de mythologie celtique et de culture catholique et Fanny Howe, catholique progressiste, y dialogue avec ces deux traditions à travers sa condition de femme, les accidents heureux ou malheureux –  sources de désespoirs ou d’émerveillements – dont son quotidien est fait et les événements du monde contemporain. Dieu et les êtres humains sont interpellés pour ce qu’ils font ou laissent faire : nous sommes au début de la dernière décennie du 20e siècle, dans les pires années de violence de la Guerre civile en Irlande alors que le processus de paix est sur le point de s’enclencher. Ces poèmes du quotidien, intensément métaphysiques et d’une extrême acuité dans l’observation de la nature ne sont pas sans rappeler Emily Dickinson, cette autre chroniqueuse subversive de sa vie face à Dieu.
Il faut ensuite lire les textes du retour poétique de Fanny Howe en Irlande. L’abrupt du questionnement, la non-complaisance envers soi, la tension intellectuelle et existentielle sont toujours là. Le cadre d’un monastère radicalise les questions que la Catholique insoumise et engagée qu’elle est, pose à la religion et au fonctionnement du monde. Mais en ce lieu clos, la langue se délie et la ligne s’allonge : le champ autobiographique s’élargit vers l’amont et l’aval. C’est une véhémence lyrique qui par moments se déploie. Et la célébration du lieu tempère l’angoisse du deuil et de la mort qui sourd de la voix de celle qui parle. Fanny Howe était ermite. Elle se montre dans ces textes récents intégrée à une communauté. Mais elle se sait et se veut toujours de passage, voyageuse.
D’une rive à l’autre de l’Atlantique, elle est une figure pérégrine, soucieuse du cours du monde. 
Née en 1940, Fanny Howe, de nationalité américaine, est l’auteur d’une œuvre considérable qui se partage, pour l’essentiel, entre poésie et fiction. Elle a également écrit des ouvrages pour la jeunesse et des essais. Elle vit sur l’île de Martha’s Vineyard, dans l’état du Massachusetts. À ce jour, une seule œuvre d’elle a fait l’objet d’une traduction intégrale en français. Il s’agit du roman Nord profond – The Deep North – paru au Mercure de France en 1997.
Elle s’inscrit dans une tradition américaine d’écrivains du refus. La dimension politique de cette résistance se double chez Fanny Howe d’une contestation métaphysique. Il y a un chant américain féminin de l’héroïsme quotidien face au Dieu des pères. On pense à Emily Dickinson ou même à Ann Bradstreet, la première poète américaine (1612-1672).
Catholique en constante rupture de conformité de par son exigence envers Dieu, Fanny Howe revendique une proximité avec Simone Weil : la mystique et la politique sont chez elle en rapport.  Le monde la désespère comme il peut l’enchanter. Outre la religion, la nature est son lien privilégié avec les mythes de son héritage irlandais.