FRIEDRICH MAXIMILIAN KLINGER
Le Faust oriental




Traduit de l’allemand et présenté par François Colson. 
Collection Lenz


Prix : 20 euros
Nombre de pages : 296
Format : 14 x 19 cm
Parution : 2007
ISBN 978-2-915684-13-1


Présentation :
Le Faust oriental constitue la suite des Voyages avant le déluge (Éd. Ressouvenances, 2001) et le troisième roman consacré par Klinger à la figure de Faust. Il date de 1797 et prolonge la réflexion initiée par l’auteur dans La Vie de Faust (1791, trad. fr. parue aux Éd. Grèges, 2005) sur les mécanismes du pouvoir, sur les méthodes de ceux qui l’exercent et sur le sort de ceux qui le supportent. Ce roman est traduit ici pour la première fois en français.
En homme d’État scrupuleux, le grand vizir Abdallah voit ses glorieuses actions mériter de figurer dans l’empyrée parmi les plus belles de l’humanité. Mais un souci excessif de la vertu dans l’administration de la chose publique le pousse à conclure un pacte avec un esprit supraterrestre : son intransigeance vertueuse aura alors un effet calamiteux. C’est loin de sa patrie ravagée qu’il retrouvera sa sérénité d’homme et après s’être dépouillé de ses hautes responsabilités. Plaçant l’action dans le décor idéal de l’Orient pour mieux s’adresser à l’Occident, Klinger poursuit sa réflexion sur le rôle de l’individu dans la société et les vertus controversées de l’enthousiasme. Les rapports entre le Calife, dépossédé de son pouvoir par un entourage despotique, et le conteur vagabond Ben Hafi, jouissant d’une dangereuse liberté d’expression, atteignent, dans cette suite aux Voyages avant le déluge, une nouvelle dimension de solidarité qui triomphe des vicissitudes de la vie.
Après Voyages avant le déluge, le conteur se propose de faire le récit de ses propres pérégrinations. Mais bravant les menées du Grand Vizir pour le réduire au silence, il leur fait précéder les aventures d’un certain Abdallah, grand vizir modèle qui aspire à la vertu politique absolue, et qui conclut à cet effet un pacte avec un esprit surnaturel, tout comme jadis le pacte du Faust occidental avec les forces souterraines devait garantir à celui-ci la jouissance sans restriction de la nature humaine. Or la connaissance parfaite des conséquences de son action bien intentionnée paralyse en lui toute action et se révèle calamiteuse. L’enthousiasme, d’abord écarté au bénéfice exclusif de la raison, doit subir une métamorphose pour amener une fusion des plans, dans un retournement inattendu de l’intrigue en suspens. La réunion de l’Orient et de l’Occident ouvre une perspective de bonheur infini au moment même où en 1797 l’Europe garde un souvenir glacé de la Terreur en France. Le conteur et l’homme de pouvoir se révèlent d’une indissociable complémentarité. 
Après s’être essayé au théâtre comme auteur avec quelque succès, Friedrich Maximilian Klinger (1752-1831) devient une figure emblématique du mouvement qui dans l’histoire des lettres allemandes portera le titre d’une de ses pièces, le "Sturm und Drang". La proximité de Goethe conduit bientôt cependant à un conflit, où il est abandonné à lui-même. Songeant un instant s’embarquer pour l’Amérique, inutile comme soldat dans la grande paix de la fin du XVIIIe siècle, il est finalement engagé au service de l’aristocratie russe. Lecteur du prince Paul, futur tsar, il peut enfin s’adonner à une activité débordante et enrichir son expérience de voyages. Après avoir continué à écrire des pièces de théâtre, il se tourne vers l’écriture de romans, qui peu à peu s’organisent en un vaste tableau de la condition humaine et du siècle. Près de neuf cents aphorismes concluent son activité littéraire. Il se retirera de la vie publique, disgracié par le nouveau tsar Alexandre quand celui-ci se tournera vers le mysticisme. L’œuvre abondante qu’il mettra tout son soin à rééditer sera relativement vite oubliée, Saint-Pétersbourg restant trop loin des centres de la vie littéraire allemande.