CHARLES RACINE
Y a-t-il lieu d'écrire (Oeuvres 2)




Edition établie par Frédéric Marteau et Gundrun Racine.
Collection Du poème


Prix : 24 euros
Nombre de pages : 248
Format : 16 x 22 cm
Parution : 2015
ISBN 978-2-915684-41-4


Présentation :
Après Légende posthume (Grèges, 2013), qui regroupait principalement des textes qui avaient fait l’objet d’une publication du vivant de l’auteur, ce deuxième volume des œuvres de Charles Racine rassemble des textes inédits (dans leur grande majorité) écrits entre 1942 (le poète n’a alors que 15 ans…) et 1969. Partie intégrante des archives regroupées à Zürich, ces textes ont été précieusement gardés, consignés, classés, parfois annotés ou infiniment retravaillés par le poète, probablement en vue d’une future publication dont il n’aura jamais la force de mener à terme le projet. C’est une des caractéristiques de cette œuvre que de n’avoir pu que rarement – et dans une insatisfaction permanente – fixer l’état définitif des textes, laissant dans l’ombre un vaste ensemble d’écrits qui bouleversent d’ailleurs la classification traditionnelle de poèmes. En effet, le corpus racinien rassemble des textes qui se présentent sous des formes (et sur des supports) multiples. On y perçoit cependant une même vision ou une même exigence qui souligne à coup sûr la singularité de sa poésie : la volonté de demeurer telle quelle, comme œuvre brute, sans le dégrossissement ou la mise au propre que nécessite toute publication, la volonté d’inscrire la parole poétique dans la précarité de son surgissement – la résonance de son exécution.
Plusieurs regroupements présentent ici ce travail poétique : celui qui ouvre le présent recueil, porté par un titre-poème de 1942 (Sortit de sa glaise, de sa matière), propose une descente suivie d’une remontée chronologiques, selon un mouvement que le poète avait ailleurs proposé. Divers ensembles ou stations organisent ensuite le volume, suivant un ordre plus strictement chronologique. Le poème Pluralité des mondes ouvre une section d’écrits épars qui vont de 1955 à 1962 ; Langage reflué dans les routes inaugure la période qui s’étale de 1962 à 1969. Entre ces grands ensembles, on découvre des cycles organisés par le poète lui-même, selon des logiques circonstancielles ou des motivations plus thématiques. Après une activité d’écriture relativement intense dès ses jeunes années et une grande parenthèse dans sa jeune ‘‘carrière’’ de poète, entre 1948 et 1953, Racine se remet à écrire, avec force et détermination : en 1954 (Vision poétique de choses), et davantage encore en 1955 (Février 55, Le regard laitier). Fin 1960, alors qu’il a loué une chambre à Paris, rue Danton, et qu’il fréquente les milieux du spectacle, il écrit l’ensemble intitulé Poème.Théâtre où il réfléchit à sa propre scène poétique (à la théâtralisation de son geste poétique, de l’écriture à la lecture) ; un ultime texte, en 1963, viendra compléter ce cycle. En novembre 1967, c’est la première exposition de Tàpies à la galerie Maeght à Paris. Dans le prolongement de cette expérience, Racine écrit un cycle de textes témoignant de cette rencontre avec le peintre. Dans cette Rencontre de Tàpies, Racine exprime toute son admiration pour le peintre, reconnaît l’influence du travail plastique sur son effort poétique. Enfin, pendant l’hiver 1966/67, Racine tient un carnet où il inscrit des esquisses, des réflexions, des poèmes : espace de déposition scripturale dont nous avons retenu les fragments les plus significatifs, en respectant l’enchaînement et la diversité des textes.
Un ultime poème, de 1969, vient clore ce volume, sorte de point d’orgue qui fait résonner une dernière fois le titre du présent recueil. Dans l’après mai 68, événement qui aura durablement marqué le poète, alors témoin des événements parisiens, une nouvelle époque s’ouvrira pour le poète, faite de joies et d’amertumes. Arrêter arbitrairement ce volume à la fin des années 1960 s’explique par ce moment-charnière. Cela se justifie également du fait que les poèmes que Racine retiendra pour diverses publications des années 1970 (dont Le Sujet est la clairière de son corps, en 1975 chez Maeght) ne dépasseront pas ces années décisives où le poète aura trouvé la voie/x de sa poésie. Ensuite, il lui faudra continuer le travail, autrement et dans l’incertitude de cette recherche d’une écriture propre (d’« une voix propre et nette »). Ce sera une autre et même histoire – et l’occasion d’un prochain volume.
Charles Racine (1927-1995) est un poète suisse romand dont l’œuvre fut partiellement publiée de son vivant. Outre une plaquette, Sapristi (Zürich, Hürlimann, 1963), il publia sous son nom deux livres : Buffet d’orgue (Zürich, Hürlimann, 1964) et Le Sujet est la clairière de son corps (Paris, Maeght, 1975). Il collabora par ailleurs à de nombreuses et prestigieuses revues en France, dont Le Nouveau Commerce, La Traverse, L’Éphémère, Po&sie ou Argile. Il fut ainsi le contemporain ou l’ami de nombreux poètes qui écrivirent l’histoire de la poésie des années 60 et 70, comme Jacques Dupin, André du Bouchet, Jean Daive ou Michel Deguy, et fut soutenu par d’éminents critiques tels Georges Poulet ou Jean Starobinski, pour ne citer que quelques noms.