CHUCK MILLER
Cueilleurs / Harvesters / Erntearbeiter




Édition trilingue.
Traduit de l’anglais vers le français par Vincent Dussol.
Traduit de l’anglais vers l’allemand par Walter Grünzweig.
Collection Du poème


Prix : 12 euros
Nombre de pages : 136
Format : 16 x 22 cm
Parution : 2019
ISBN 978-2-915684-54-4


Présentation :
La voix de Chuck Miller est à la fois originale et représentative – porte-parole au regard sans complaisance (mais plein de compassion) pour un certain précariat dont il a fait partie – qui s’inscrit au confluent de plusieurs traditions américaines : la poésie prolétarienne, l’héritage whitmanien, les Beats, des écrivains du Midwest comme Sherwood Anderson. L’accessibilité de l’écriture de Chuck Miller pourrait faire oublier qu’elle se nourrit d’immenses lectures d’écrivains du monde entier, souvent très peu connus. Ainsi que le lecteur le découvrira, sa poésie en vers libre est forte d’une pensée très structurée. Chaque texte va quelque part, "dit quelque chose".
Harvesters est le seul parmi les livres de Chuck Miller qui, par sa longueur modeste, permettait d’envisager d’en présenter trois versions sous la même couverture. Malgré le petit nombre de pages de l’original, c’est un ensemble de poèmes qui fait livre. C. Miller y a rassemblé treize textes à teneur plus nettement politique. Avec son accord, nous y avons adjoint quatre poèmes de même teneur issus de ses autres livres. Si nous modulons "à teneur politique" par "plus nettement", c’est parce que l’ensemble de son œuvre porte un regard critique (mais jamais cynique) sur le fonctionnement des sociétés sur lequel il se pose. Le mot de "révolte" (Protest) dans le titre de son dernier livre publié à ce jour indique un pouvoir d’indignation intact qui met le doigt sur toutes les formes d’abus de pouvoir, tant dans la vie quotidienne que dans l’histoire du monde.
Parmi les sujets abordés dans Harvesters : les travailleurs saisonniers, la médecine pour les pauvres, leur alimentation, l’aide sociale, les conflits du travail, l’environnement. En ce sens, Harvesters est bien représentatif de l’œuvre d’un poète révolté, mais qui, redisons-le, embrasse aussi les joies et la beauté du monde.
Cette première traduction en français et en allemand voudrait être une invitation à découvrir et traduire d’autres livres de l’auteur, notamment les quatre plus récents. Dans le dernier, Parsecs to Go, Poems of Protest, se révèle chez le poète, désormais vieil homme, un sens aigu du comique de situation et de l’autodérision que sous-tend malgré tout, toujours et encore, l’espoir de "changer la vie". 
Chuck Miller est né dans l’Illinois en 1939. Il vit à Iowa City. Il est l’auteur de dix recueils de poèmes, d’une longue nouvelle, Carnival Story, et d’un roman, ces deux derniers textes étant inédits. Passé par le Iowa Writers Workshop dont il ne garde guère de souvenirs positifs, il fait partie, dans la deuxième moitié des années 1970, d’un groupe d’activistes de la poésie, également implanté à Iowa City, qui se sont baptisés les Réalistes (The Actualists).  À l’âge de 28 ans, un séjour en prison de 19 mois pour détention de haschich lui barre durablement l’accès aux établissements d’enseignement américains. Il a par la suite une vie très nomade, séjourne et travaille dans ce qu’on pourrait appeler l’ex-bloc de l’Est (Russie, République Tchèque, Slovaquie, Kirghizistan etc.), la Scandinavie, la Chine, l’Amérique Centrale et du Sud. Il enseigne l’anglais ou bien vit de travail temporaire. L’Iowa reste cependant son point d’attache aux États-Unis. Au milieu des années 1980, il construit avec des matériaux de fortune une cabane en lisière d’Iowa City. Il y habite plusieurs années. Cette existence avec vue imprenable sur les grands ciels du Midwest donne lieu à des textes dans lesquels la lumière fait l’objet d’une attention toute particulière. D’une façon plus générale, les poèmes de Chuck Miller reflètent cette vie passée au contact de la marge dans des lieux rarement cartographiés par la littérature américaine, dans et hors des États-Unis.